Curieux d’entendre le précurseur, celui à qui le Christ lui-même rendra témoignage, affirmer par deux fois ne pas connaître Jésus !
Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas…
Et puis un peu plus loin : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas… »
Nous savons pourtant que Jean Baptiste est un grand saint qui avant même sa naissance a reconnu sous l’effet de la grâce, la présence du Verbe dans le sein de la vierge Marie. Il a mené une vie d’ascétisme toute consacrée à la recherche de Dieu. Jésus dira de lui : Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste (Mt 11,11).
Par conséquent, Jean Baptiste est, de tous les hommes, celui qui a approché de plus près le mystère du Verbe incarné. Et pourtant, c’est lui-même qui affirme ne pas connaître Jésus !
Après un tel témoignage du précurseur, serait-il légitime de notre part de prétendre connaître le Christ ? Est-ce même possible ?
Toute la difficulté réside dans le mystère même qu’est Jésus ! Le Christ, est certes notre frère en humanité (et en cela nous pouvons le connaître), mais il est aussi Dieu. Or Dieu est en lui-même inconnaissable parce qu’Il dépasse infiniment nos capacités humaines. Toute notre connaissance de Lui ne peut être que limitée et donc incomplète ! « Ô Toi, l’Au-delà de tout, n’est-ce pas tout ce qu’on peut connaître de toi « ? priait Grégoire de Nazianze. En d’autre terme, Dieu ne peut pas être totalement compris puisqu’il est infini.
Lorsque Jean Baptiste perçoit la divinité cachée derrière l’humanité du Christ, il tressaille ! Il se reconnaît complètement dépassé… d’où le : et moi, je ne le connaissait pas… Jean Baptiste s’émerveille devant le mystère qu’est Jésus. S’il se sent indigne de dénouer la courroie de sa sandale, c’est parce qu’il a saisi que le Christ est la révélation de Dieu ! En son humanité se réalise l’impensable : Dieu se dit ! Dieu se révèle ! Dieu se fait connaître.
Et pour cela, Il choisit d’entrer dans les limites de notre humanité ! En Jésus, Dieu s’est rendu accessible à notre connaissance.
Voila pourquoi, sans pour autant prétendre tout comprendre, nous pouvons connaître Dieu.
Connaître quelqu’un, ce n’est pas tout savoir de lui mais devenir capable de ne le confondre avec aucun autre.
Chers amis, l’inimaginable c’est que l’amour immense de Dieu l’ait poussé à prendre l’initiative de se faire connaître en utilisant nos concepts, nos mots, nos images, forcément inadéquats et approximatifs.
Alors, face à ce mystère, imitons Jean Baptiste. Sans prétendre tout comprendre de Jésus, restons à son écoute pour faire grandir en nous la connaissance de Dieu.
Vivons en sa présence pour mieux le comprendre et finalement l’aimer. Car en définitive, connaître est inséparable d’aimer. Au point d’ailleurs que la Bible donne un sens conjugal au verbe connaître.
De cette connaissance qui, lorsqu’elle se porte sur Dieu, engendre immédiatement l’amour, dépend notre joie, notre paix intérieure mais aussi notre vie !
« La vie éternelle, c’est de te connaître, toi Dieu le seul vrai Dieu » Jn 17,3.
Don Louis Marie DUPORT