Jésus était proche d’une famille aisée de Béthanie dont les membres connus sont Marie-Madeleine, Lazare et Marthe. Les nombreux tableaux de la scène de notre évangile ont fait passer à la postérité le nom de Marthe « occupée aux affaires du service », tandis que sa sœur boit à longs traits l’enseignement du Christ. Choquée de la négligence de Marie, Marthe lui reproche son peu d’entrain et s’attire l’exquise remarque de Jésus, blessante uniquement pour qui ne connaît pas la liberté de l’amitié : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes pour peu de choses. Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée. » Cette scène laisse entrevoir la simplicité et le naturel de la relation que les deux sœurs entretiennent avec Jésus. S’il a noué avec ses apôtres des liens virils, structurés par son autorité, ses rapports avec la famille de Béthanie rendent un son tout différent.
Marthe semble diriger la maison qui paraît être la sienne. Elle apparaît en premier dans les évangiles et c’est elle qui a une sœur, Marie, qui reçoit Jésus chez elle. Comme dans les versets un peu plus hauts, Marthe est une amie de la paix, faisant descendre sur sa maison la bénédiction divine avec la venue de Jésus.
Marthe est ensuite accaparée par les multiples tâches du service. Le verbe employé là appartient au vocabulaire militaire. Elle est tout entière à son office, la tête ailleurs que d’écouter Jésus. Ce service est précieux, pour Jésus, et probablement pour tous ceux qui ont l’habitude de l’accompagner. Son service est le gouvernement de sa maison qu’elle offre comme un point d’appui tout proche de Jérusalem. Marthe préfigure ainsi les femmes industrieuses qui ont soutenu de multiples façons les apôtres ( on pense à Lydie, la marchande de pourpre de Thyatire établie à Philippe dont le service a permis la fondation de la toute jeune église). Ce service aussi fait référence à celui dont les apôtres vont demander d’être déchargés pour se consacrer à celui de la Parole. La bonne part de Marie, restée au pied de Jésus fait écho à la tentation de Jésus au désert où il réplique à Satan que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
La réponse de Jésus n’est pas un reproche, mais une invitation à ne pas se laisser « troubler » par la situation. Marthe n’est pas exclue de la « bonne part » et son service n’est pas sans valeur. Jésus affirme que la bonne part, c’est la compagnie du Verbe et le partage de la vérité qui a déjà la saveur de la Vie Éternelle.
Les épisodes où Marthe apparaît dans l’évangile de Saint Jean confortent le portrait qui ressort de notre passage de ce dimanche. Elle prend l’initiative de faire prévenir Jésus que Lazare est mort. Elle dialogue avec Jésus et s’appuyant sur la connaissance qu’elle a de Lui, elle est certaine de savoir ce que Jésus aurait pu vouloir. (« Je sais que tout ce que ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera »). Jésus commencera ainsi sa prière, rendant hommage à la foi profonde de Marthe : « Père (…) je savais que tu m’exauces toujours. »
Il ressort de l’évangile que Marthe est une figure de femme résiliente, droite, affirmative. Sa franchise confère à sa profession de foi une limpidité exceptionnelle. Avec des femmes de cette trempe, Jésus laissait ses apôtres et son église entre de bonne mains. Sainte Marthe priez et continuez de veiller sur nous !
Source dictionnaire Jésus, de l’école biblique de Jérusalem