Le Vendredi Saint, par peur, les apôtres ont fui : ils ne voulaient pas subir le sort de leur maître, malgré les déclarations de bravoure de Pierre, de Thomas et des autres. Dans les lectures de ce dimanche, nous les voyons au contraire manifester un courage hors du commun devant le conseil suprême, et aller jusqu’à se réjouir d’avoir subi des outrages pour le nom de Jésus.
Entre temps, les apôtres sont restés les mêmes hommes, ils n’ont pas changé de tempérament, leurs défauts humains ne se sont pas effacés et ils ne sont pas devenus des surhommes ; mais la résurrection de Jésus, leur Seigneur et ami, leur a donné une joie inextinguible, qu’aucune persécution ne pourra jamais éteindre puisqu’elle vient du Saint-Esprit.
Nous pouvons nous aussi entrer dans cette joie en méditant la résurrection du Christ : en prenant du recul, nous pourrions nous dire que nous sommes fous d’y croire, et pourtant nous croyons réellement qu’un homme, il y a deux mille ans, s’est relevé pour vaincre définitivement la mort. A travers toutes nos épreuves, méditer ce fait qui est le cœur de notre foi nous donne une espérance formidable : le Dieu qui a relevé Jésus d’entre les morts, non seulement ressuscitera nos corps à la fin des temps, mais aujourd’hui aussi, il nous donne la vie, la grâce dont nous avons besoin.
Nous voyons la transformation chez saint Pierre quand Jésus apparaît aux apôtres au bord du lac de Tibériade. En comprenant que le Seigneur est là, Pierre avec fougue saute à l’eau pour le rejoindre au plus vite. Si Jésus l’a choisi pour gouverner son Eglise, ce n’était ni pour son courage ni pour sa sagesse, mais pour l’intensité de son amitié avec lui. Nous pouvons seulement imaginer son émotion au moment où Jean lui souffle : « c’est le Seigneur. »
Parce qu’il avait trahi son ami peu avant sa mort, le futur chef des apôtres culpabilisait, et le revoir vivant a dû l’émerveiller sans effacer tout à fait la douleur d’avoir renié par faiblesse. Peut-être veut-il prouver son amour par son empressement à rejoindre Jésus. Quand celui-ci lui demande ensuite à trois reprises s’il l’aime, il pense nécessairement aux trois fois où son disciple a nié le connaître, et pourtant il lui confie la charge de guider son Eglise. Voilà un exemple magnifique de rédemption : Pierre a dû rendre grâce toute sa vie pour la mission confiée malgré son indignité, pour la miséricorde du Seigneur qui ne garde pas de rancune pour les fautes passées.
Pendant tout ce temps pascal, nous sommes invités comme les apôtres à approfondir notre amitié à Jésus ressuscité. Nous ne pouvons pas le voir de la même manière qu’eux, mais nous sommes invités à le côtoyer dans la prière, en particulier en assistant fréquemment à la messe, et à travers tous les actes que nous posons par amour de lui. A chaque acte que nous posons par charité, nous lui redisons comme Pierre : « tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. »
Don Axel de PERTHUIS