Dans une collecte dominicale, nous demandons au Seigneur la grâce de savoir quitter ce qui ne peut que vieillir pour ne s’attacher qu’aux biens qui demeurent. Cette grâce, le Christ nous l’a obtenue. En passant par la mort, Il s’est détaché de tout ce qui ne résistait pas au temps. Par sa résurrection, Il a fait entrer la nature humaine dans l’éternité. Depuis lors, désirer autre chose qu’une participation à cette grâce, reviendrait à préférer la mort à la vie.
« Je ne crois plus à ce qui naît, mais à ce qui ressuscite, dit Gustave Thibon. Car naître, c’est sortir de l’incréé pour entrer dans le temps et dans la mort, mais ressusciter, c’est sortir du temps et de la mort pour revenir à l’incréé́. Et toute vie qui n’est pas attente de la résurrection ne peut être qu’angoisse devant la mort. Nous sommes déjà morts puisque nous sommes nés ; la naissance est à la mort ce qu’est la promesse des fiançailles à la nuit de noces : c’est la mort qui consomme (dans les deux sens du mot : parfaire et détruire) le mariage entre l’âme et le temps. »
Quelle synthèse admirable de l’espérance chrétienne. L’attente de la résurrection est la source de notre joie. Lorsque Dante, dans la Divine comédie, arrive aux portes du paradis, il demande à Béatrice : « Enseigne-moi comment l’homme s’éternise ». Notre vie sur cette terre est bien une attente de la résurrection et ainsi la mort, lorsqu’elle est assumée par cette espérance, devient notre vraie naissance.
Lorsque le Christ dit : « Je suis la résurrection et la vie », l’ordre des mots a son importance. Si la résurrection est nommée avant la vie, c’est parce que la vie en plénitude découle de la résurrection. Tant que nous sommes ici-bas, nous sommes en sursis. Et cette épée de Damoclès ne peut nous laisser en paix. Il nous faut tendre vers cette Vie qui a traversé la mort.
Malheureusement, les malades que nous sommes demandent trop souvent la guérison, non la résurrection.
Profitons de cette pâques pour renouveler notre attente de la résurrection, pour que ces mots que nous prononçons dans le Credo deviennent une vraie prière.
Don Louis Marie DUPORT