En attendant le Carême qui approche, nous continuons ce temps ordinaire qui suit le temps de Noël. Nous avons la chance de suivre Jésus, dans l’évangile, dans des passages si savoureux. Jésus après être monté sur la Montagne, y avoir prié toute la nuit en vue de choisir les douze apôtres, redescend dans la plaine pour un long discours adressé tour à tour : aux apôtres, aux disciples et aux foules. Ce long discours de Jésus, nous en lisions une partie la semaine dernière avec notamment les Béatitudes chez Saint Luc. Cette semaine et la semaine prochaine, Jésus continue son discours composé de conseils et de réflexions dont le fil conducteur semble être la miséricorde : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6, 36).
Quoi de plus humain ? Mais aussi quoi de plus difficile ? Pour les petites offenses nous pardonnons volontiers, mais certaines deviennent difficiles à avaler à force de répétition… d’autres semblent tout simplement impardonnables. De tout temps, le pardon a été la plus belle signature du chrétien car il n’y a rien de plus difficile et rien qui nous fasse autant ressembler au Christ sur la croix qui prie pour ses bourreaux et intercède pour eux : « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Jésus nous propose ici une méthode en vue d’aimer comme il aime, c’est-à-dire pardonner à ceux qui l’ont offensé. Luc 6,27-28 : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » J’y vois une progression. Si aujourd’hui je suis incapable d’aimer mon frère qui m’a blessé, sans doute je peux au moins lui faire du bien… Si je suis pour l’instant incapable de lui faire du bien parce que mon cœur saigne encore, je peux demander la grâce de lui vouloir du bien, de lui souhaiter du bien… Si je ne suis même pas capable de lui souhaiter du bien parce que l’offense est trop proche, je dois prier pour lui. Cette étape est le minimum auquel Jésus nous invite. Pourtant même ceci est difficile. Si nous sommes aujourd’hui dans cette difficulté, nous pouvons demander dans la prière la grâce de la conversion pour notre adversaire : qu’il réalise le mal qu’il nous a fait. Par la prière pour nos ennemis, le Seigneur change notre cœur : nous pourrions un jour être surpris -à force de prier pour lui -de lui vouloir du bien… à force de lui en vouloir, de lui en faire… à force de lui en faire, de l’aimer ? et à force de l’aimer peut-être se laissera-t-il toucher par cette charité et nous fera le bien que nous attendions depuis si longtemps !
Seigneur, aide moi à prier pour ceux qui m’ont blessé, aide-moi à m’accorder avec eux tant que nous sommes en chemin. Permets que je garde l’espérance de pardonner un jour complétement en vue de recevoir ta miséricorde pour entrer dans ta maison.
Don Marc-Antoine CROIPOURCELET