Jésus dans les évangiles aborde dans son enseignement tous les aspects de la vie humaine. Ce dimanche, il s’agit d’un sujet important : l’impôt et, à travers cette question, celle de l’argent. C’est une question épineuse, que nous en ayions suffisamment ou que nous en manquions, il est important de nous laisser évangéliser sur ce sujet.
A travers la pirouette inattendue de Jésus pour se sortir de ce piège computé par les pharisiens et les hérodiens, Jésus nous invite à tout rendre à Dieu, y compris l’image de Lui-même qu’il a mise en nous… c’est notre personne toute entière qu’il faut « rendre à Dieu » ! Quelle joie !
Mais tant que nous serons ici-bas, nous aurons toujours besoin de l’argent qui sert à ajuster nos échanges. Et comme nous en aurons toujours besoin, il y aura donc toujours un combat ou une épreuve pour en user avec liberté.
Je vous propose quelques repères tirés de la doctrine sociale de l’église pour faire le point sur notre rapport à l’argent.
Le premier point est que l’argent doit servir à des projets. C’est un outil au service d’une finalité. Les projets peuvent être variés, comme l’instruction de ses enfants, acquérir un bien ou une maison, vivre décemment, assurer une épreuve de maladie ou de chômage, transmettre à ses enfants un héritage, etc… à ce titre, il est légitime d’épargner en vue de ces projets ; l’important est d’avoir de la lucidité pour discerner ceux qui sont légitimes et ceux qui ne le sont pas, pour épargner dans une proportion adéquate aux besoins des nécessités. Mais si nous cherchons à épargner pour épargner, cela ne sert à rien. Si nous manquons de «projets» et que nous avons de l’argent, il faut donc le donner à ceux qui ont des «projets», mais qui manquent d’argent. Quelle joie de pouvoir contribuer à des idées qui nous enthousiasment avec les moyens que Dieu nous a alloués ! Cette vision permet de nous aider à avoir un juste rapport à l’épargne.
Le deuxième point est qu’il faut toujours donner de notre argent. On donne, non en fonction de ce qui reste, mais en fonction de ce qu’on gagne, car nous savons bien qu’il n’en reste jamais assez ! C’est librement et avec joie qu’il faut donner, selon ce qu’on a résolu dans notre cœur… certains choisissent de donner quelques journées de salaires de leur année, d’autres la dime, d’autres donnent tout comme la veuve aux deux piécettes (Mc 12,38ss) ! Ce point là est important, car donner en fonction de ce qu’on gagne nous maintient dans un esprit de foi et de confiance en la Providence qui pourvoit à ses enfants (Mt 6,24-34). Choisir de concéder quelques heures ou quelques jours de travail nous permet en allant nous même travailler, de nous souvenir que ces journées-là sont pour d’autres et non pour nous, cela donne beaucoup de joie et de zèle à notre labeur. Nous sentons aussi par là que nous faisons partie d’un tout plus grand que nous et nous sommes heureux d’y participer, d’y contribuer ! Mes frères, n’oublions, pas « Dieu aime celui qui donne avec joie ! »
Gardons notre liberté face à Mammon pour ne pas mettre notre espérance en lui, mais en Dieu qui est riche, riche en miséricorde, qui veut nous obtenir l’héritage de la Vie éternelle !
D. Marc-Antoine CROIZé-POURCELET