Après l’entrée discrète de Dieu sur Terre, dans une crèche, et dans l’intimité de quelques bergers et de la Sainte Famille, nous fêtons, à l’Epiphanie, la manifestation de Jésus au monde. Cette visite des mages nous aide à approfondir et élargir notre regard sur la crèche, puisqu’elle annonce déjà la dimension universelle du salut, voulue par le Christ, et plus tard portée par saint Paul. Ces mages viennent honorer le roi des juifs, c’est-à-dire un roi qui n’a, a priori, aucune autorité sur eux ; et pourtant, ils rendent hommage à celui qui réalise la prophétie d’Isaïe : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Isaïe 49, 6).
Mais si la nuit de la nativité semble s’être déroulée discrètement en Judée, puisque Hérode lui-même n’a pas réussi à localiser l’événement, les mages nous font dire : « attention, ce qui se passe là est grand, plus grand que ce qui pourrait sembler ! » Malgré les apparences, cette naissance à Bethleem a radicalement changé le monde. Les mages viennent ainsi saluer la présence de Dieu parmi les hommes, en suivant cette étoile qui leur indique l’endroit où se trouve le roi des juifs. En regardant ces hommes, nous apprenons à entrer, à notre tour, dans ce sentiment de révérence, de vénération, que l’on déploie par la vertu de religion, bien loin de la curiosité superstitieuse d’Hérode. Ce sentiment, nous l’éprouvons lorsque nous sommes en présence de Dieu, en particulier, lors de nos adorations eucharistiques : l’étoile de l’ostensoir, comme celle des mages, vient nous rappeler que Jésus est là présent. Malgré la pauvreté du pain de l’hostie, quelque chose de plus grand se passe. Et comme les mages, nous sommes invités à déposer aux pieds de l’enfant Jésus, l’or, l’encens et la myrrhe , c’est-à-dire les joies, les prières et les peines qui font notre vie.
Mais les mages nous enseignent surtout que la rencontre avec Jésus change la vie : ils ne repartent pas par le même itinéraire, une fois qu’ils ont trouvé et adoré l’enfant. Ils regagnent leur pays par un autre chemin, nous dit l’Evangile. Il y a ainsi un avant et un après la rencontre du Christ, lorsque celle-ci est authentique. Reconnaître Jésus pour ce qu’Il est, Fils de Dieu et Sauveur des hommes, ne peut rester quelque chose d’anodin pour nos existences. C’est souvent exigeant, parce qu’il est toujours difficile de prendre une route nouvelle, mais comme pour les mages, il y a là la source d’une très grande joie.