Un Carême bien particulier – La lettre d’un curé à ses paroissiens

Un Carême bien particulier – La lettre d’un curé à ses paroissiens

Un Carême bien particulier – La lettre d’un curé à ses paroissiens 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers frères et sœurs

Ma première pensée va aux victimes de cette épidémie, les personnes décédées, les malades et leurs familles. Confions-les à saint Joseph qui est à la fois le Patron de la Bonne Mort et celui du Bon Espoir.

Le mercredi des Cendres (26 février), nous ré-entendions la Parole de Dieu nous donner les fondements de notre Carême (Matthieu 6, 1-6 ; 16-18) : l’aumône, la prière et le jeûne. Sans mauvais jeu de mot, nous n’imaginions certainement pas vivre cette Quarantaine dans de telles conditions… La plupart d’entre nous (pensons aux professionnels de santé qui, au contraire, sont sollicités jusqu’à vivre un certain héroïsme) sommes confinés et avons désormais le temps de vivre ce Carême autrement.

L’aumône ne peut se résumer à signer un chèque pour l’œuvre de Carême (l’Association Médicale Gabriel) et à l’envoyer au presbytère. Ce temps si précieux, même pour beaucoup de retraités, est désormais à partager ! Vivons une solidarité fraternelle : prenons des nouvelles des personnes que nous ne pouvons plus visiter (ou que nous ne visitions déjà pas), par téléphone, par mail, par tous les réseaux sociaux possibles.
Inquiétons-nous aussi de leur subsistance ! Certains n’ont plus personne pour leur faire les courses. Le maire d’Evron vient de demander que les séminaristes de la Communauté Saint-Martin assurent le portage des repas à la place des employés de l’A.D.M.R. qui ont exercé leur droit de retrait. La condition étant de respecter tous les gestes-barrière, beaucoup d’entre nous peuvent leur faire cette proposition.

 

La prière peut habiter nos journées de confinement. Nous déplorons souvent : « je n’ai pas assez de temps pour prier ». Ce temps, nous l’avons maintenant ! Il serait incompréhensible de ne pas nous plonger dans la lecture de l’Evangile, dans la vie des saints, dans un ouvrage de spiritualité (à défaut de pouvoir aller chez son libraire, Amazon fonctionne toujours…). Il ne s’agit pas de passer le temps, il s’agit que le Christ habite davantage ce temps libre que nous subissons. « Retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ». Nous faisons retraite à domicile et cette retraite a besoin d’être nourrie. Nous ne manquons pas hélas aujourd’hui d’intentions personnelles, paroissiales et nationales.
Vos prêtres postent chaque jour des vidéos sur le Facebook des paroisses (vous pouvez aussi passer sur le site internet : http://paroissesaintraphael.fr). Cette « paroisse virtuelle » nous permet de maintenir la communion au sein de notre Famille Paroissiale. Ce sera probablement le seul moyen pour nous de vivre unis autour de Jésus durant toute la Semaine Sainte…

Le jeûne va prendre plusieurs aspects : il va être bien difficile de jeûner cette année de nos écrans et de nos portables puisqu’ils constituent bien souvent nos seuls contacts avec le monde extérieur. Nous pouvons les utiliser autrement, davantage au service de la communion fraternelle et moins comme une fuite individualiste. En étant prudent sur la nécessité de faire des réserves alimentaires, il convient de ne pas nous associer à la peur panique qui crée la pénurie de nourriture dans certains magasins : nous ne sommes pas en danger de ce point de vue ! On ne revit la peste de Marseille en 1720 ! Nous sommes aussi privés pour une part de notre liberté de sortir, d’acheter, de nous rencontrer, pour le bien commun de tous. Cela doit nous interroger et nous purifier sur ce que nous appelons facilement nos « libertés fondamentales », souvent asservies à un individualisme voire à un individualisme.

Les baptisés vivent douloureusement un autre jeûne, celui de l’Eucharistie… Qui aurait pu l’imaginer, surtout les pratiquants de chaque dimanche ? C’est une belle Providence de creuser en nous le désir de Le recevoir ! A nous d’apprendre ou de ré-apprendre le sens de la communion spirituelle ! (voir la belle prière de Mgr Centène sur le site paroissial et sur la feuille paroissiale). Douleur aussi pour des prêtres de célébrer, en particulier le dimanche, la Messe pour leur peuple mais sans leur peuple ! Douleur de ne confesser et d’oindre seulement qu’en cas d’urgence avec des gants et un masque…

Les plus belles conversions de nos vies sont celles que nous n’avons ni choisies ni programmées. A ceux qui se demandent chaque année « comment faire leur Carême », la réponse est donnée. Nous n’avons choisi aucune de ces formes d’aumône, de prière et de jeune. Ce temps d’épreuve pour tous peut être aussi un temps de grâce pour beaucoup. Demandons à saint Joseph qui n’a subi une destinée aveugle mais a épousé librement le plan de Dieu, de nous faire grandir au cœur de cette « quarantaine bien particulière ».

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