« Ecoute, mon fils, les préceptes du maître et tends l’oreille de ton cœur. Reçois volontairement l’exhortation d’un père si bon et mets-la en pratique, afin de revenir par le labeur de l’obéissance à celui dont t’avait détourné la lâcheté de la désobéissance ».
Voici les premiers mots de la règle de saint Benoît, patron de l’Europe, que nous avons fêté le 11 juillet. Depuis près de 1500 ans, des moines et des moniales consacrent leur vie en entrant dans ce que saint Benoît appelle lui-même « une école du service du Seigneur. » La finalité est donc de se détourner de la désobéissance du péché pour revenir vers Dieu.
La règle organise le temps, l’espace, les relations jusque dans les petits détails de ce qui se vit au sein de la clôture monastique. Obéissance au père abbé qui « tient dans le monastère la place du Christ », pauvreté évangélique qui fait qu’aucun moine ne possède de biens propres, chasteté dans le respect de leur consécration religieuse et stabilité dans le monastère sont les quatre vœux que prononcent les moines et sur lesquels ils fondent leur vie. On résume souvent la règle par ces deux mots : « ora et labora », prie et travaille. Le moine se rend
six fois par jour et une fois au milieu de la nuit à l’église pour chanter la louange du Seigneur dans la liturgie des heures et, en conservant le silence, il s’adonne à un travail intellectuel ou manuel entre chacun des offices dans un climat de silence. Il y a dans la règle de saint Benoît quelque chose de très étonnant pour notre époque : tout est à l’opposé du bonheur que promet le monde. Le moine ne voyage pas mais reste toute sa vie au même endroit, il ne dépense pas en loisirs l’argent qu’il a gagné mais ne garde rien pour lui personnellement, il vit la chasteté en vue du Royaume et obéit à un autre et à une règle ; pourtant, il est très impressionnant de voir très souvent la joie profonde qui sort du cœur de ces consacrés à Dieu. Leur vie n’a pas de sens aux yeux du monde mais l’évangile dit qu’ « ils ont choisi la meilleure part ». Ceux qui ont déjà eu la joie de s’entretenir avec un moine ou une moniale qui est fidèle depuis de nombreuses années à sa vocation ont sans doute été émerveillés par le sourire qui n’est pas humain qui se dégage du visage parfois déjà bien marqué par les rides.
Nous ne sommes pas moines mais nous pouvons nous laisser enseigner par eux et par saint Benoît. Dans notre vie au milieu du monde, souvenons-nous que nous ne devons « rien préférer à l’amour du Christ. » Souvenons-nous que nous avons à établir une règle de vie pour apprendre jour après jour à suivre le Seigneur : temps de prière quotidiens, silence et simplicité de vie peuvent aussi donner sens à notre existence où nous constatons souvent que le temps s’accélère.
Prions pour les vocations monastiques qui ont façonné la culture chrétienne qui a marqué notre Europe et prions pour que nous sachions nous laisser enseigner par la beauté de leur vie. Une bonne lecture de notre été pourrait être la règle de saint Benoît et une bonne occupation un petit séjour en abbaye !
Don Raphaël SIMONNEAUX