Pourquoi Jésus dort-il dans nos tempêtes ? C’est qu’il ne s’impose pas. Il est toujours là dans notre barque, mais quand on lui dit : “laisse-nous mener la barque. Tu étais charpentier, tu n’étais pas marin. Va te reposer, Jésus, nous on prend le gouvernail”.
Jésus ne s’impose que dans des cas exceptionnels. Mais généralement, il nous laisse libre d’essayer de nous y prendre par nous-mêmes, avec toutes nos prétentions de “savoir-faire”, et il attend. Il s’endort en attendant qu’on vienne recourir à Lui. Il savait pourtant bien, en s’engageant sur le lac, que des nuages allaient surgir de derrière les collines, et que la tempête allait éclater. Il était le seul à savoir. Mais il a voulu laisser les apôtres à leur savoir-faire, afin de leur rappeler leurs limites et vers quels dangers peuvent nous porter nos illusions. Alors quand ils l’ont gentiment prié de le laisser faire, il est allé dormir sur un coussin à l’arrière. Il devait en avoir bien besoin, parce que même la tempête ne l’a pas réveillé. Mais dans son sommeil, il devait avoir – mais n’a-t-il pas encore maintenant ? – une certaine amertume, de voir que l’homme éprouve si peu le besoin de recourir à Lui, qui est pourtant descendu du ciel jusque dans chacune de nos barques, pour se faire tout proche de nous, tout penché sur nous, tout intéressé par la façon dont nous manœuvrons notre gouvernail et notre barque en ce monde dangereusement fluctuant.
« Ils se réjouissent (…) d’être conduits au port qu’ils désiraient » dit le Psaume. L’essentiel, c’est d’arriver à bon port, le ciel. « Il a dit : allons de l’autre bord ! » Ce qu’il a dit, il est capable de l’accomplir (cf Rm 4,21). Sa Parole compte plus que la tempête. Mais alors il faut nous rendre compte que Dieu est toujours proche et qu’il ne demande qu’à nous aider. Le point de départ sera souvent de commencer par se fier à sa Parole. N’est-elle pas à notre disposition ?
Cependant, nous sommes des sourds spirituels, nous n’entendons pas le murmure de l’Esprit-Saint qui coule comme une source au fond de notre cœur pour vivifier en nous la lecture de la Parole de Dieu ; nous sommes des aveugles spirituels, et nous risquons notre ruine spirituelle, engloutis par le monde, parce que nous voulons agir par nous-mêmes en un monde global qui a voulu mondialement se diriger par lui-même sans Dieu. Alors que Dieu est là, dans nos barques (ma personne, ma famille, ma paroisse, mon Eglise, ma France, mon Europe, ce monde qui n’en peut plus de son “savoir-faire”…), Dieu est là, apparemment endormi, mais attentif à nos besoins en attendant qu’on l’appelle à l’aide.
Aussi lorsque Pierre, en voyant que les vagues qui s’approchaient, allaient vraiment être fatales pour le bateau, a enfin lâché son gouvernail pour aller secouer Jésus à l’arrière en lui disant : “au secours, Seigneur!” (non sans lui reprocher son sommeil), alors l’amertume de Jésus est cependant tombée d’un coup. Jésus est Dieu, et quand on l’a mis de côté dans nos vies, il n’est pas comme nous. Il ne dit pas: “je t’avais bien dit, mais tu n’a pas voulu m’écouter, maintenant débrouille-toi.” Lui, il est Jésus, son Nom veut dire : Sauveur, le Dieu Sauveur. Le seul Sauveur, il n’y en a pas d’autres. Il n’y a rien qui sauve en dehors de Lui. Et il est venu pour cela. Jésus sauve toujours dès qu’on l’appelle. Pourvu qu’on l’appelle. Sa voix, sa Parole domine les grandes eaux, la grosse vague de la mort. Comptons sur sa Parole !
Don Laurent LARROQUE