Puisque nous sommes en mai, ce mois traditionnellement consacré à la Vierge, je vous propose une prière particulière qui nous permettra à nous aussi d’être « avec Marie au Cénacle dans l’attente du Saint-Esprit ». C’est un chapelet dans lequel, avec les «mystères », nous évoquons les grands moments où le Saint-Esprit a été présent dans l’histoire du salut et avec les dizaines de « Je vous salue Marie », nous demandons, par l’intercession de la Vierge, la grâce de faire l’expérience de ses fruits en nous. Je propose quelques énonciations possibles des mystères :
- Dans le premier mystère, nous contemplons le Saint-Esprit dans l’œuvre de la création. « Au commencement,
- Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.» (Gn 1, 1-2)
Nous demandons à l’Esprit Saint qui, au début du monde, sépara la lumière des ténèbres, les eaux de la terre et transforma le chaos en cosmos, de répéter ce miracle dans le monde d’aujourd’hui, dans l’Église et dans notre âme, faisant l’unité là où il y a la discorde, la lumière là où il y a les ténèbres, créant en nous « un cœur nouveau ». - Dans le deuxième mystère, nous contemplons le Saint-Esprit dans la révélation. « C’est, portés par l’Esprit Saint, que des hommes [les prophètes] ont parlé de la part de Dieu. » (2 P 1, 21)
Nous demandons au Saint-Esprit « l’intelligence de la Parole de Dieu ». Inspirées par Dieu, les Écritures respirent maintenant Dieu, le « transpirent ». Nous demandons de pouvoir percevoir dans la Parole de Dieu sa volonté vivante à notre égard dans toutes les circonstances de la vie. Nous demandons, à l’image de Marie, de savoir « accueillir et méditer dans notre cœur » toutes les paroles de Dieu. - Dans le troisième mystère, nous contemplons le Saint-Esprit dans l’incarnation. « Marie dit à l’ange : “Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ?” L’ange lui répondit : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu”. »
(Lc 1, 34-35)
Nous aussi, nous nous demandons trop souvent face à une épreuve ou quelque chose de nouveau que Dieu requiert de nous : « Comment cela se fera-t-il ? Je ne connais pas d’homme », je n’ai pas la capacité en moi, je n’aurai pas la force … La réponse de Dieu est toujours la même : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous. » (Ac 1, 8) Demandons au Saint-Esprit, comme il a formé l’humanité du Christ dans le sein de la Vierge Marie et par elle, l’a donnée au monde, qu’il forme en nous le Christ et nous donne la force de l’annoncer à nos frères. - Dans le quatrième mystère, nous contemplons le Saint-Esprit dans la vie de Jésus. «Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus. » (Lc 3, 21-22) « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; c’est pour cela qu’il m’a consacré avec une onction et m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres. » (Lc 4, 18)
Au baptême, Jésus a été oint comme roi, prophète et prêtre. En lui, on recueille le Saint-Esprit comme un parfum dans un vase d’albâtre (saint Ignace d’Antioche) et en lui, l’Esprit Saint « s’est habitué à vivre parmi les hommes » (saint Irénée). Sur la croix, le vase d’albâtre de son humanité a été brisé et le parfum de son Esprit s’est répandu sur le monde. Par l’intercession de Marie, demandons un renouveau de l’onction prophétique, royale et sacerdotale que nous avons reçue à notre baptême. Demandons-lui de nous aider à briser le vase en verre qui constitue notre humanité et notre « moi » pour que nous puissions être « la bonne odeur du Christ » dans le monde. - Dans le cinquième mystère, nous contemplons le Saint-Esprit dans la vie de l’Église. «Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. » (Ac 2, 3-4)
La promesse faite par Jésus avant de monter au ciel s’accomplit : « Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours.» (Ac 1, 5) Depuis ce jour, tout dans l’Église vit et reçoit sa force du Saint-Esprit : les sacrements, la Parole, les institutions. « L’Esprit Saint est, pour le corps du Christ qu’est l’Eglise, ce que l’âme est pour le corps humain » (saint Augustin). Demandons que, par l’intercession de la Vierge Mère, beaucoup s’ouvrent aujourd’hui pour recevoir la grâce renouvelante du baptême dans l’Esprit.
Père Raniero Cantalamessa O.F.M ; 2019
Don Marc-Antoine CROIZé-POURCELET