C’est ce que contemple Jean-Paul II au début de son dernier livre biographique, et testament spirituel, Mémoire et Identité (2005).
Le saint Pape évoque son propre passé, marqué par le nazisme et par le communisme. « Ce que l’on pouvait voir en ces années-là était quelque chose de terrible », écrit-il.
Mais le Saint-Père ne regarde pas seulement le développement de l’ivraie criminelle, du mal qui a massivement étouffé le bon grain en ce XX° s. Il ajoute que le bien a quand même continué de pousser (allusion à la parabole de
Mt 13,24-30.36-43).
Il se réfère alors à Sr Faustine, messagère de la Miséricorde divine : un message divin qui arrive au moment du développement de ces idéologies, que l’on reconnaît à leurs fruits de morts par millions (Mt 7,15-20). Le bon grain et l’ivraie ont poussé en même temps.
Jean-Paul II témoigne qu’il a écrit sa 2° encyclique, Dives in misericordia
(« riche en miséricorde », citation d’Eph 2,4), en 1980, comme, dit-il, « fruit de mon expérience pastorale en Pologne et tout spécialement à Cracovie. C’est là en effet que se trouve la tombe de sainte Faustine Kowalska, à qui le Christ a permis d’être une interprète particulièrement éclairée de la vérité sur la Divine Miséricorde. Cette vérité a suscité chez sœur Faustine une vie mystique extraordinairement riche. C’était une personne simple, sans instruction et, malgré cela, ceux qui lisent le Journal de ses révélations sont étonnés par la profondeur de l’expérience mystique qui s’y trouve.
J’en parle parce que les révélations de sœur Faustine, centrées sur le mystère de la Divine Miséricorde, se réfèrent à la période qui précède la Seconde Guerre mondiale. C’est précisément l’époque où naquirent et se développèrent les idéologies du mal que furent le nazisme et le communisme. Sœur Faustine devint celle qui diffusa l’annonce selon laquelle l’unique vérité capable de contrebalancer le mal de ces idéologies est le fait que Dieu est Miséricorde – c’était la vérité du Christ miséricordieux. C’est pour cela que, lorsque je fus appelé sur le Siège de Pierre, j’ai ressenti fortement la nécessité de transmettre les expériences faites dans mon pays natal, mais appartenant à l’Eglise universelle. »
Le Seigneur a validé ce point en rappelant à Lui Jean-Paul II le soir du samedi
2 avril 2005, après les premières vêpres du 2° dimanche de Pâques, qui s’appelle désormais « Dimanche de la Miséricorde », par volonté expresse de Jésus manifestée à Sœur Faustine.
La semence de la Rédemption opérée par le Christ est plus forte que la semence du mal opérée par le dragon de l’Apocalypse. Certes, le totalitarisme étend ses ronces, puisqu’on a continué de perdre de vue Dieu : la « dictature du relativisme », totale (par définition), c’est-à-dire universelle, en singerie du catholicisme (catholique veut dire universel). Du Christ ou de l’antéchrist, qui sera vainqueur à la moisson ? C’est tout vu.
Soljénitsyne, qui s’y connaît en ces matières, prie ainsi :
« Quand mon intelligence s’écarte stupéfiée ou se décourage, quand les plus intelligents ne voient pas plus loin que ce soir et ignorent ce qu’il faut faire demain, Tu m’envoies la claire certitude que Tu es et que Tu prendras soin que toutes les voies du bien ne restent pas bouchées. »
La miséricorde du Seigneur est cette ultime voie, l’ultime limite à tous les totalitarismes, l’ultime force du bon grain, pour que la foi au Christ, même si elle requiert un grain qui meurt pour donner son fruit, continue encore aujourd’hui d’aider l’homme désespéré à s’en sortir par la Vérité, dans son évangile, avec son église.
Don Laurent LARROQUE