« Il entra donc, pour rester avec eux. »
Depuis 2000 ans, Jésus, en chemin vers l’occident avec son Eglise, nous fait comprendre le sens des Ecritures et nous réchauffe le cœur par leur lecture, dans l’Esprit-Saint qui les a inspirées. Depuis 2000 ans, il entre dans cette auberge pour rester avec nous, par la « fraction du pain », c’est-à-dire par le mystère de sa présence de Pèlerin dans l’Eucharistie.
Depuis 2000 ans cet Evangile des pèlerins attristés d’Emmaüs nous accompagne pour nous faire comprendre qu’au-delà d’un couchant fatal, le Soleil invaincu demeure au zénith : Jésus ressuscité, Lumière de la Jérusalem éternelle
(cf Ap 14,6).
Il est aimable, ce passage d’Evangile qui résume tout l’Evangile en un éloge de la Messe. Première partie : liturgie de la parole, où Jésus nous réchauffe le cœur ; deuxième partie : liturgie de l’Eucharistie, où Jésus se fait reconnaître à la fraction du pain, tout en disparaissant, car il est désormais rentré dans la dimension de sa divinité (cf Jn 16,28), vers laquelle il nous emmène, et à laquelle il nous assimile déjà. Troisième partie, « Allez, la Messe est dite ! » Si le mot « messe » vient de « mission », c’est donc pour dire : “Allez, la mission commence !” Allez, maintenant, regonflés, enthousiasmés par une espérance invincible, grâce à la Parole de Dieu et à Jésus Eucharistie, c’est l’heure de la mission. Que la dictature du relativisme, ce néo-Sanhédrin, ne vous paralyse pas dans votre mission de porter le monde à la rencontre de Celui qui a lui-même rejoint ce monde, pour l’amener chez lui, dans son beau ciel de Gloire, de vie, de paix éternelles et sans couchant.
« Heureux les invités au festin des Noces du Seigneur. » C’est pour ce festin que nous avons reçu la tenue de fête : notre robe baptismale (cf Mt 22,1-13). Ne négligeons pas la grâce, la purification dans le sang du Christ ; la confession renouvelle la grâce baptismale et rend notre robe à nouveau immaculée.
Les pèlerins s’en allaient vers la noirceur du soir, le visage morne, l’esprit plombé, l’espérance morte (cf Ez 37,11) : “nous espérions, nous, que c’était Lui… mais maintenant c’est fini, nous n’espérons plus. Jésus a déçu notre attente. Il est mort et enterré…”
Désenchantement, désillusion, désespoir… La grosse voix du tentateur voudrait s’imposer à eux et à nous : “J’ai vaincu le Messie, désormais je suis le seul dieu de ce monde (2Co 4,4), et ce que j’ai fait au Messie, je vais le faire à son Eglise : elle devra naufrager dans le relativisme !” (C’est-à-dire être réduite à une opinion religieuse parmi d’autres). Mais Jésus est bien là, au fond de son Tabernacle, au fond de la barque de l’Eglise ballotée par les vagues ; il ne dort pas, il veille, le gardien de son Eglise. Le Ressuscité, alpha et omega du temps, nous accompagne en redisant : “Ô humanité sans intelligence et lente à croire en la Parole déjà donnée depuis toujours et pour toujours, jusqu’à quand resteras-tu sourde ?” « Le Ciel et la Terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ! » Le Mal est puissant, mais le Bien est Tout-Puissant. L’Amour est plus fort que la mort. Jésus est « la Parole au commencement » de ce monde et qui le guide à son terme. « A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle ! » (Jn 6,68)
Aux disciples d’Emmaüs découragés, désillusionnés, Saint Paul redit : « Dieu est fidèle ! Il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces ; mais avec l’épreuve, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (1Co 10,13). “Avec l’épreuve”, cependant.
Dieu est fidèle ; soyons fidèles dans l’épreuve, gardons la robe baptismale (Ap 7,13-14).
Que l’Immaculée nous garde fidèles à la Parole de Dieu, à la Confession, à la Messe, à Jésus présent et caché « pour rester avec nous » jusqu’à ce qu’Il vienne.
Don Laurent LARROQUE