On fête le Saint-Sacrement, on fête Jésus dans l’Eucharistie. En écho au Jeudi Saint, on fête à nouveau l’Institution du “Sacrement des Sacrements”, Jésus-Hostie. On appelle cela la « Fête-Dieu » pour exprimer notre foi : ici, dans l’hostie consacrée est caché Dieu ! Jésus, c’est Dieu qui est venu visiter la terre il y a 2000 ans, en se faisant homme, et en inventant de se donner, de donner sa vie divine, dans les sacrements. Il y a 7 sacrements, comme il y avait un Chandelier à 7 branches dans le Temple. Et en son milieu brille le Sacrement principal : Jésus Ressuscité lui-même (cf Ap 1,13), caché sous la forme d’un peu de pain. Comment est-ce possible ? Parce qu’il est Dieu et que rien n’est impossible à Dieu. Pourquoi l’a-t-il fait ? Par amour. Le Dieu d’amour que rien ne peut contenir a voulu être contenu dans les infimes limites plates et rondes d’une blanche hostie !
« Quantum potes, tantum aude, quia major omni laude, nec laudare sufficis », commence la séquence eucharistique composée par St Thomas d’Aquin : “tant que tu peux, ose louer ce mystère, car de toute façon, c’est au-delà de toute louange et la louange ne sera jamais assez grande.”
Saint Thomas était un grand philosophe, une de ces “têtes bien faites” qui ont éclairé l’humanité. Et il a réalisé la plus grande synthèse entre la Révélation (faite par Dieu pour se faire connaître aux hommes) et la raison (la pensée humaine). La réflexion humaine seule ne peut pas comprendre comment Jésus est Dieu fait homme (mystère de l’Incarnation), et pourquoi il a dit, en prenant du pain lors de la dernière Cène : « ceci est mon corps ». Nous ne comprenons pas, mais nous avons foi en sa parole, car il est lui-même la Parole, et nous sommes sûrs qu’il a tout fait par amour.
Du “Credo” de Paul VI (30 juin 1968) :
« Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son corps et en son sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle.
Le Christ ne peut être ainsi présent en ce sacrement autrement que par le changement en son corps de la réalité elle-même du pain et par le changement en son sang de la réalité elle-même du vin, seules demeurant inchangées les propriétés du pain et du vin que nos sens perçoivent. (…)
Et c’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous. »
Un penseur comme St Thomas d’Aquin croit et chante cela. Dans ses hymnes eucharistiques, il nous présente une merveilleuse harmonie entre la foi et la raison. Ce n’est pas la raison, la réflexion, la pensée humaine qui empêchent de croire en un si “incroyable” mystère, qui restera cependant toujours bien au-delà de la raison humaine. Reprenons ses hymnes pour notre méditation adorante : « Adoro te devote, latens Deitas… », “Je t’adore avec dévotion, divinité cachée…”
Don Laurent LARROQUE