« Moi non plus, je ne te condamne pas » Jésus dit-il à la femme adultère
(Jn 15,11) ; « ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur », dit-il à propos des interdits alimentaires (Mt 15,11) ; ou encore : « Le fils de l’homme est maître du Sabbat » (Mt 12,8).
Voilà autant d’exemples où, à cause de son cœur plein de miséricorde, Jésus fait preuve d’une grande largesse dans l’application de la Loi et où, puisqu’Il est Dieu, Il use de sa liberté de législateur suprême pour supprimer de lourdes prescriptions légales. Jésus est donc connu pour avoir effacé les lois qui rendaient la vie dure aux hébreux, comme les interdits alimentaires, et quantité de contraintes à respecter pour ne pas risquer de devenir impur, allant du lavage fréquent des mains jusqu’à l’interdit de se rendre chez les païens.
Mais voilà qu’aujourd’hui, au lieu de suivre cette tendance magnanime et d’alléger la loi de Moïse, il semble au contraire la renforcer en s’opposant au divorce. Cette décision de Jésus et, à sa suite de l’église, pourrait sembler injuste : nous sommes des êtres fragiles qui connaissons des échecs et commettons des erreurs. Pourquoi n’aurions-nous pas le droit dans ce cas à une seconde chance ? Pourquoi Jésus n’a-t-il pas choisi, par compassion pour notre faiblesse, d’autoriser dans certains cas le remariage ? D’autres religions l’autorisent bien ! Et il y a bien des circonstances qui, à vue humaine, paraissent le justifier.
Encore une fois, Jésus nous échappe ; Il ne se laisse pas enfermer dans l’image que nous pourrions avoir de lui, cette fois-ci d’un maître spirituel libéral.
En effet, Il est bien plus que cela : Il est à la fois notre Créateur et notre Sauveur. Il est celui qui a créé l’homme avec ses désirs, son cœur et Il est celui qui s’est fait homme pour nous recréer, nous rendre à notre humanité première défigurée par le péché, refaire de nous des fils de Dieu au cœur intègre. Il sait ce que nous sommes et veut le restaurer.
Jésus et, à sa suite l’église, ne cherche donc pas à nous ajouter une loi pour ne pas offenser la sainteté de Dieu et ainsi alourdir notre fardeau mais, au contraire, à réparer notre cœur, à le rendre à nouveau pleinement humain, en empêchant que nous le morcelions par de fausses fidélités successives.
L’enseignement du Christ sur le mariage indissoluble, c’est-à-dire imbrisable, ne vise pas à rendre malheureux ceux qui n’arrivent pas à se conformer à ce haut idéal mais à nous révéler ce à quoi notre cœur aspire de lui-même ; si nous creusons honnêtement : nous avons tous soif d’un amour total, entier, définitif, le seul à la mesure de notre cœur fait pour l’unité. Au fond nous savons cela, si toutefois nous allons au-delà de nos endurcissements. Jésus nous rappelle ce que nous désirons vraiment au-delà des blessures du péché.
L’église n’est donc pas une marâtre qui cherche à nous frustrer, mais une bonne mère qui nous révèle ce qui est conforme à Dieu et donc à notre humanité authentique restaurée. Ce qui était impossible avant l’ouverture de la nouvelle Alliance, au temps de la Loi de Moïse, devient possible par la grâce, par le don du Saint-Esprit. Prions donc Dieu de tout notre cœur pour qu’il donne la fidélité aux couples, puis pour qu’Il donne la force à ceux qui se sont séparés de rester fidèles à la parole autrefois donnée et enfin pour qu’Il donne à ceux qui vivent dans une nouvelle union le fait d’avancer sur le chemin pour arriver à une situation conforme à l’évangile.
Don Axel de PERTHUIS