De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand…
Depuis 2000 ans, les choses n’ont pas vraiment changées ! Nous ne sommes pas bien différents des apôtres. Souvent nous éprouvons comme eux, ce besoin de nous comparer entre nous et, inévitablement, lorsque nous cédons à cette tentation, naissent au fond de notre âme l’envie et la jalousie.
Saint-Jacques nous invite à prendre garde car la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes.
Depuis la chute originelle, un petit « caïn » (le premier homme jaloux) sommeille en nous. Et il se réveille souvent. Dieu prévient Caïn (comme Saint-Jacques le fait pour nous dans son épître) afin qu’il ne cède pas à cette jalousie qui lui ronge le cœur : Le Seigneur dit à Caïn : « Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché est à la porte comme une bête tapie qui te convoite, pourras tu la dominer ?. » (Gn 4,6-7)
Même s’il serait illusoire de croire éradiquer ce péché – La vertu dans le monde est toujours poursuivie. – Les envieux mourront, mais non jamais l’envie. (Molière, le tartuffe)– au moins sommes nous invités à lutter contre cette bête tapie ! Et pour mieux la dominer, rien n’est plus efficace que de mieux la comprendre !
Pour Saint thomas « l’envie consiste à s’attrister du bien du prochain comme s’il diminuait le nôtre et qu’il nous fit du mal » (Somme II, Q36,a1). A la base même de ce péché, il y a donc une erreur !
C’est un mauvais jugement sur nous même. La jalousie se nourrit du manque d’estime de soi.
Dans un de ses romans, Mary Higgins Clark met en scène une jeune femme qui ne manque pas de charme ; survient, au cours d’une soirée, un superbe modèle. Tous les hommes de l’assistance se tournent vers l’apparition. « Je ne sais pas si toutes les femmes ont ressenti la même chose que moi, confie l’héroïne, mais à cet instant précis, je me suis sentie très fade. »
Nous touchons ici un des ressorts essentiels de la jalousie : le manque d’amour de soi. Au fond, la jalousie est toujours une ingratitude. L’envieux méconnait sa propre valeur. « Avant de se protéger de la lumière qui rayonne d’autrui, le jaloux s’aveugle sur sa propre capacité à éclairer » (Pascal Ide, les 7 péchés capitaux, p142).
L’inconvénient c’est que la jalousie, en nous plongeant dans la tristesse, nous pourrit la vie. Et cette dépression est d’autant plus difficile à combattre que le regard posé sur soi est faux !
Envie : vient du latin : invĬdĬa qui veut dire « l’œil mauvais ».
Pour lutter contre ce péché, nous sommes donc appelés à rectifier notre regard :
• d’abord sur nous-même en réalisant que la jalousie est un péché d’ingratitude à l’égard des dons que j’ai reçus.
• Puis sur les autres en apprenant à les regarder non comme un concurrent ou un rival à combattre mais toujours un compagnon de route vers Dieu ! L’autre ne doit jamais être pour moi un adversaire.
Nous anticiperons ainsi le paradis où chacun se nourrira du bonheur des autres. « Élimine ta jalousie, dit Saint Augustin, et ce que je fais de bien devient ta propriété. Si l’amour habite ton cœur, tout est à toi ! Partout où s’accomplit une œuvre bonne, elle nous appartient à nous aussi si nous savons nous en réjouir ».
Entrons ensemble dans cette communion des saints qui, parce qu’elle nous intègre dans ce corps qu’est l’Église, est le meilleur remède à la communion.
Don Louis Marie DUPORT