A l’ile Bouchard, en 1947, la Vierge Marie demandait aux quatre fillettes d’embrasser la croix de leur chapelet. En faisant cela nous contemplons l’amour incroyable avec lequel Jésus demanda à son Père de pardonner ses bourreaux. L’amour du Christ est aussi fort que sa Miséricorde ! Mais nous avons plus de mal à y voir le sacrifice que Jésus offre à son Père et qu’il continue d’offrir à chaque messe célébrée. En effet avant de communier nous offrons en sacrifice le Corps et le Sang de Jésus: « Regarde Seigneur, le sacrifice de ton Église et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton alliance. »
L’évangile de ce dimanche nous rappelle très clairement le caractère sacrificiel de la mort du Christ : « Ceci est mon Corps livré pour vous. » De nombreux sacrifices d’animaux étaient déjà demandés dans l’Ancien Testament, mais en tant que préfiguration de l’unique sacrifice de Jésus, aux portes de Jérusalem. Ce sacrifice volontaire de Jésus à son Père nous donne le vertige, si ce n’est pas parfois de l’incompréhension, pourquoi a-t-il fait cela ? N’est-ce pas revenir à une religion primitive ? Pourtant, dès la vie du patriarche Abraham et de son fils Isaac, l’écriture nous révèle la volonté de Dieu de préserver toute vie humaine. De plus, dans la parabole du Fils prodigue, le Père ne demande aucune réparation.
Paradoxalement nous constatons l’amour gratuit et inconditionnel de Dieu, mais d’autre part nous lisons dans l’évangile combien il fallait que Jésus subisse la passion. Même si cela n’était pas nécessaire, Jésus a versé son sang en rémission de nos péchés pour les réparer (pour les expier). La volonté de Dieu c’est de nous aimer, nous, à qui il accorde son pardon et tous ses autres bienfaits.
Par l’obéissance de Jésus, nous avons la réparation de toutes nos désobéissances. Dieu n’attend rien de nous avant de commencer à nous aimer, mais nos pauvres petites offrandes, nos propres petits sacrifices, il en a soif. Ce qui plait à Dieu dans le sacrifice de Jésus, ce n’est pas la souffrance, mais l’amour avec lequel il accepte la volonté de son Père : Jésus dit oui sans réserve.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En effet Jésus nous associe à son sacrifice : il rend fécondes toutes nos croix offertes avec amour. Saint Paul s’en émerveille lorsqu’il écrit aux Colossiens : « En ce moment, je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’église. »
Ainsi la Croix de notre chapelet ou de nos églises ne nous rappelle pas seulement l’amour inouï de notre Sauveur, mais elle stimule en nous le désir de sauver le monde avec Jésus en offrant à Dieu les épreuves de nos vies. Une offrande que nous renouvelons à chaque Eucharistie lorsque le prêtre dit : « Par lui, avec lui et en lui, à toi , Dieu, le Père tout puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles ! Amen !!! »
Don Christophe Granville