« Il vendrait du sable à un bédouin » est une expression bien connue pour dire le talent d’un commerçant qui parviendrait à convaincre un bédouin de lui acheter du sable. C’est un peu ce que fait Jésus qui, ayant l’intention de proposer à boire, ne trouve pas de meilleur endroit qu’un puits. Audacieux ! On aurait pu penser que le désert justement était un lieu plus approprié pour intéresser quelqu’un à sa proposition. Sa tentative au Temple de Jérusalem aura peut-être plus surpris que convaincu son auditoire lorsqu’il s’est exclamé
(Jean 7, 37) : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et il boira ! ». Toujours est-il que nous ne rêvons pas, Jésus en Samarie s’est assis près d’une source pour proposer à boire. Reconnaissons tout de même que c’est un bon endroit pour rencontrer quelqu’un qui a soif !
En réalité, l’endroit est particulièrement bien choisi par Jésus. Dans le désert, il aurait rencontré des assoiffés qui n’auraient pas refusé son eau, quitte à la payer cher, sans réfléchir. Tandis qu’au bord d’un puits, il rencontre des assoiffés qui peuvent très bien lui rétorquer qu’ils se débrouillent très bien tout seuls. Comme le lui fait remarquer de surcroit la samaritaine qui, elle, est équipée : « Tu n’as rien pour puiser et le puits est profond ». A vrai dire, nous ne ressemblons pas tant à des voyageurs du désert prêts à recevoir n’importe quelle offre du Seigneur qu’à cette samaritaine capable de lui dire « non merci », tellement nous avons l’impression de savoir trouver tout seuls de quoi satisfaire notre soif, quitte à puiser indéfiniment. En proposant à boire à côté d’un puits, c’est bien nous que cherche Jésus. Pas tant pour nous demander si nous avons soif que pour nous demander ce que nous buvons et si nous ne nous sentons pas un peu usés de puiser une eau qui laisse la profondeur de notre vie toujours aussi vide. « Oui, mon peuple a commis un double méfait : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes, des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau ! » (Jérémie 2, 13). Jésus sait que nous avons un peu d’eau pour notre corps mais il sait aussi combien nous avons soif. « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant. » (Psaume 41).
Alors soyons attentifs ! Si le temps du carême nous est présenté comme un temps avec Jésus au désert, il y de fortes chances pour qu’il vienne nous rencontrer là où nous allons boire. Essayons de discerner ce dans quoi nous cherchons habituellement de quoi combler la soif de notre vie. Des choses aussi habituelles ou quotidiennes qu’aller chercher de l’eau. Ce que nous accomplissons machinalement. Jésus est peut-être assis là, pour nous proposer quelque chose de meilleur !
……………………………………………………… D. Martin PANHARD%MCEPASTEBIN%