Cette parole de sagesse tirée de l’Ancien-Testament (livre de Qohèleth – ou Ecclésiaste, chapitre 3) semble être aussi un des messages du passage d’évangile qui relate le baptême du Christ. En effet, Jean-Baptiste qui voit venir Jésus à lui dans le Jourdain pour se faire baptiser a cette réflexion pleine de sens : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi et c’est toi qui viens à moi ! ». Jésus lui-même affirme plus loin dans l’évangile (Luc 12, 50) : « Je dois recevoir un baptême et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! ». Mais en réalité, Jésus prend le temps et ne précipite pas les choses. à sa mère qui le presse de faire quelque chose pour les invités des noces de Cana qui manquent de vin, il répond : « mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2, 4). Oui, Jésus est venu pour accomplir. Mais accomplir signifie mener à terme un processus qui nécessite un commencement et un développement par étapes avant de parvenir à cet accomplissement. Être baptisé par Jean est pour Jésus une étape nécessaire en vue de l’accomplissement de sa mission : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice ». On n’installe pas le toit d’une maison avant les fondations.
En prenant notre humanité par son incarnation, le Fils de Dieu ne rentre pas seulement dans notre espace humain, il embrasse aussi notre temps. Lui qui est éternel, il entre dans le temps et compose avec le temps pour accomplir sa mission. Il y a donc pour Jésus aussi un temps pour tout. Un temps pour naitre et un temps pour mourir. Un temps pour être baptisé par Jean et un temps pour laisser jaillir l’eau de son côté ouvert et donner un nouveau baptême dans l’Esprit-Saint. Un temps pour laisser l’Esprit de Dieu descendre sur lui comme une colombe au Jourdain et un temps pour envoyer ce même Esprit de Dieu sur les apôtres à la Pentecôte sous forme de langues de feu. Un temps pour être plongé lui-même dans l’eau du jourdain pour assumer la condition mortelle des pécheurs et un temps pour marcher sur l’eau et signifier qu’il est déjà vainqueur de la mort.
Pour nous aussi, en ce qui concerne l’accomplissement de notre vie, il y a un temps pour tout. Le temps ne passe ni trop vite ni trop lentement. Le temps nous est donné par Dieu, exactement comme nous en avons besoin, pour que puisse s’accomplir sa parole pour nous et en nous. Nous avons le temps pour tout ce qui est nécessaire. A condition, bien sûr, de faire les choses dans l’ordre ! Et avec notre Père, qui nous donne chaque jour notre pain quotidien !
D. Martin PANHARD