La fin de l’Année liturgique approche avec des textes évangéliques très marqués : l’Eglise nous invite à nous remettre face aux questions fondamentales de la mort, de l’éternité et du salut. Comme l’écrivait en 1985 le Cardinal Ratzinger, « la question essentielle posée à la vie humaine, c’est la mort ; si l’on n’y répond pas, on n’a, en définitive, rien répondu du tout ».
Il ne faut pas avoir peur de comprendre que LE REGARD QUE NOUS POSONS SUR LA MORT ET L’AU-DELà CONDITIONNE ABSOLUMENT TOUTE NOTRE VIE.
Saint Paul nous met en garde depuis deux millénaires : « si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine… Nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1ère lettre aux Corinthiens 15, 16s). Croire en un Dieu créateur, aimant et miséricordieux, celui révélé par le Christ, lui-même vrai Dieu et vrai homme, c’est croire en la nécessaire Résurrection annoncée et vécue par ce même Jésus. Si nous ne croyons pas à La résurrection et à la vie éternelle, nous n’avons plus rien à faire dans les églises.
Pourquoi prier pour nos morts s’il n’y rien après ? Pourquoi avoir le désir de faire le bien sur la terre s’il n’y a pas de récompense après cette vie ? Soyons un peu logique tout de même !
Allons jusqu’au bout du raisonnement : « Que faire si Dieu n’existe pas, si Rakitine a raison de prétendre que c’est une idée forgée par l’humanité ? Dans ce cas l’homme serait le roi de la terre, de l’univers. Très bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. Alors tout est permis »? (Paroles de Dimitri dans Les frères Karamazov de Dostoïevski).
Nous subissons chaque jour davantage de manière dramatique les conséquences écologiques, économiques et spirituelles de cette terrible erreur dominante de l’homme-roi de la terre puisque Dieu (dont on ne se pose plus la question de l’existence) n’est plus un obstacle à sa toute-puissance. Le Pape émérite Benoît XVI nous a rappelé récemment que la crise de l’Europe était anthropologique : nous ne savons plus qui nous sommes car nous ne croyons plus que nous sommes faits à l’image de Dieu.
La Révélation biblique accepte la réalité de la mort, conséquence du péché, mort qui creuse un fossé infranchissable par l’homme avec la vie terrestre.
Laissons à l’historien P. Chaunu ces mots magnifiques de foi et d’espérance : « Si la mort est bien la mort, la vie est la vie. Et la vie est pour Dieu. Alors quand le but est atteint, quand l’amour de Dieu envahit les instants de cette vie, il n’est plus possible que l’amour de Dieu qui est ‘au commencement’, en dehors du temps qu’Il a créé, tienne encore dans ce temps… Cette histoire d’amour entre Dieu et les hommes conduit au-delà de la mort et du temps… L’amour de Dieu transforme l’instant de la mort, l’ultime instant qui récapitule la totalité du temps vécu, à travers une mutation qui est dite résurrection, en éternité participée…
La mort est vraie mais l’Amour de Dieu est vrai plus encore. Et l’amour de Dieu ne peut se satisfaire en dehors de l’Eternité. Eternité d’acceptation ou de refus ».
D. Stéphane Pélissier