« Si Dieu existait, comment pourrais-je supporter de ne pas l’être »…Cette phrase de Nietzsche peut sembler orgueilleuse, mais elle rejoint notre expérience quotidienne. Dès l’enfance, nous constatons que ce désir d’être autosuffisant est présent. L’éducation cherche à faire sortir l’enfant de lui-même, à lui montrer qu’il a besoin des autres pour grandir. Mais l’éducateur se heurte à la résistance de l’enfant qui bien souvent ne veut pas suivre, mais faire tout tout seul. Ce qu’on appelle l’ambition est souvent un désir d’être le premier ! Au fond, nous voulons décider par nous-mêmes. « Personne ne doit me dire ce que j’ai à faire ou ce que je dois penser »… Comme Nietzsche, nous voulons être Dieu !
Cette tentation à l’auto-suffisance n’est pas vraiment évangélique. à bien des reprises, pour nous montrer l’exemple, Jésus emprunte le chemin inverse en se faisant dépendant. Nous pouvons contempler ce mystère d’abaissement à la crèche où Dieu se fait totale dépendance. La veille de sa passion, Jésus au lavement des pieds va même jusqu’à prendre la dernière place. Par ailleurs, Il se montre très ferme lorsqu’un de ses disciples choisit de passer le premier. « Passe derrière moi Satan » dit-il à Pierre qui veut avoir raison contre le Christ !
Pourtant ce désir d’être divinisé qui parle si fort en nous, n’est pas nécessairement une ambition malsaine ! Elle est même le but ultime de toute vie chrétienne. Saint-Augustin affirme même que cette divinisation de l’homme est l’achèvement de l’incarnation. « Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu ». La générosité de Dieu est si grande qu’Il a voulu se faire homme. Ainsi par l’humanité de Jésus, l’homme peut accéder à la Divinité. Le Christ en unissant les deux natures devient le chemin de notre rencontre avec Dieu.
Toutefois, si notre aspiration à être Dieu n’est pas mauvaise, la volonté d’y parvenir seul, sans aide, vient directement du péché originel. Le chrétien est un mendiant ! Il choisit d’être dépendant du Christ, de marcher à la suite du Christ. La vocation chrétienne est toujours une réponse à cette injonction de Jésus : « Suis moi ! ».
« Amen, amen, je vous le dis : Celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit ». Pour accéder à la Trinité, il nous faut passer par la porte qu’est la personne de Jésus ! « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ». Le Christ est notre unique accès au Père.
Puissions-nous au cours de cette semaine, ne rien faire que par Jésus, avec Lui et en Lui ! Alors, il nous conduira dans ses près d’herbe fraiche où nous ne manquons de rien puisque nous sommes mis en présence de l’infini ! Alors Il nous enseignera comment l’homme s’éternise !
Don Louis-Marie DUPORT