Qu’est-ce qu’un mystère ? Qu’est-ce que l’Incarnation ?
Un mystère, c’est quelque chose de plus puissant que l’intelligence humaine. Comme le soleil est plus puissant que les yeux humains : on est aveuglé par excès de lumière.
L’Incarnation est un événement. Dans ce mot latin il y a “carna”, qui veut dire “chair”. Cela veut dire que Dieu, un être purement spirituel, devient chair.
C’est ce que nous fêtons à Noël, et contemplons chaque 25 mars, 9 mois plus tôt.
Ce mystère est central, au point que nous le récitons et contemplons 3 fois par jour : c’est la récitation de “l’angélus”.
C’est ce mystère qui donne sens à toute la foi chrétienne : si Jésus est Dieu qui s’est fait chair, tout s’explique : l’Eglise, l’Eucharistie, tous les sacrements.
Il s’agit d’une intervention unique de Dieu dans l’histoire des hommes. Non qu’un homme aurait réussi à se diviniser, mais qu’un Dieu, le Dieu unique a réussi à s’humaniser. Jésus n’est pas un homme qui a été fait Dieu par les hommes ou par Dieu lui-même. C’est Dieu qui s’est fait homme. Les hommes n’y sont pour rien, à part l’accepter. Si Jésus n’est pas Dieu fait homme, toute la foi chrétienne n’a pas plus de sens que n’importe quelle opinion religieuse.
L’antienne du Magnificat des vêpres de ce 1er janvier, dédié à Marie Mère de Dieu, est un exposé, condensé, d’une réflexion logique sur le mystère de l’Incarnation :
« Un mystère admirable est aujourd’hui révélé ; les deux natures sont confessées : Dieu s’est fait homme ; ce qu’il était, il le demeure, ce qu’il n’était pas, il l’assume, sans subir ni mélange, ni division. »
« Il est aujourd’hui (à Noël) révélé ». Le mot révélation signifie enlever un coin de voile : il faut une initiative divine pour enlever un coin de voile, pour adapter ce que Dieu fait voir de Lui aux yeux humains, c’est-à-dire à l’intelligence humaine.
Les « deux natures » : en Jésus il y a la nature divine, car il est Dieu par nature, et la nature humaine, car il est aussi homme par nature : « Dieu s’est fait homme. »
Mais comment ? Difficile à dire (« mystère »), mais ce qu’on peut dire en résumé, c’est que ce qu’il était, dans sa divinité (éternellement), il l’a gardé en se faisant homme ; et ce qu’il n’était pas, c’est-à-dire homme, il l’est devenu en l’assumant en sa personne.
Mais comment encore ? Ce qui était (sa divinité) a demeuré, ce qu’il n’était pas (homme) a été assumé en une seule personne, sans qu’il y ait de mélange entre les deux natures : Jésus n’est pas une espèce de mi-dieu/mi-homme : aucun mélange entre sa nature divine qui est restée telle quelle, ni sa nature humaine qui est aussi restée telle quelle. Vraiment Dieu et vraiment homme, ne jouant pas à faire l’homme, mais réellement un homme dans les limites humaines, en pensées, en passions, en besoins, en fatigues, sauf le péché. Ce bébé de la crèche est Dieu mais il ne joue pas à faire l’homme : il est vraiment « né d’une femme » (Gal 4,4) et a besoin d’elle comme tout bébé.
« Sans mélange », donc sans confusion ni fusion de deux natures, mais « sans division » non plus : ces deux natures sont inséparablement unies, et pour l’éternité, en la Personne de Jésus, qui est la Personne du Verbe de Dieu, une des trois personnes de la très Sainte Trinité.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair. » Jn 1,1.14.
« Le Fils de Dieu, resplendissement de la gloire de Dieu, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l’univers par sa parole puissante… », s’est fait homme. Cf Héb 1,3 citant Sg 7,25-26.
« Tout a été fait par Lui et pour Lui » Col 1,16. Il ne s’agit pas d’une opinion religieuse mais de l’acceptation de Dieu dans l’histoire humaine.
Nous nous souhaitons donc la bonne année, quoiqu’il arrive. Le chiffre 2023 se réfère à ce fait qui a eu lieu il y a 2023 ans. Cela compte ! Bonne année 2023 de l’Incarnation du Verbe de Dieu en notre chair humaine !
Don Laurent LARROQUE