Dimanche dernier, Jésus se présentait comme le bon semeur. Le semeur de la parole qui fructifie lorsqu’elle est reçue dans un cœur et une intelligence bien disposés. Qu’elle soit bien reçue ou non, cette parole de Dieu est toujours bonne et ne peut produire que de bons fruits. Mais voilà que dans le champ où est semée la parole intervient sournoisement aussi un autre semeur : le semeur de la zizanie, appelée aussi ivraie. Jésus le désigne explicitement comme un ennemi ! « C’est un ennemi qui a fait cela ». Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Dieu a donc un ennemi. Il s’agit en effet du diable. Cet ennemi de Dieu ne s’attaque pas pour autant à Dieu directement. Il sait bien qu’il ne pourra pas l’atteindre. En revanche, il s’attaque à ce que Dieu fait. S’il ne peut toucher Dieu, il peut néanmoins intervenir et abimer son œuvre. Ce que Dieu fait de bon par sa parole, le diable sait le fragiliser, le gêner, l’envahir même.
Nous savons donc quoi répondre nous aussi, lorsque nous voyons le champ de Dieu si mal correspondre au bien que nous attendons et espérons de lui. Lorsque nous voulons poser à Dieu la question un brin accusatrice : « Pourquoi y a-t-il tant de mal dans ce monde ? Pourquoi tant de souffrance et d’injustice ? » Nous savons répondre aussi « c’est un ennemi qui a fait cela ». Cet ennemi est aussi le nôtre et la bataille contre lui nous concerne. Nous devons y prendre part de deux manières. D’une part en acceptant le conseil de Jésus qui est plutôt un ordre et qui est de ne pas prétendre rétablir la justice nous-même. « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : enlevez d’abord l’ivraie… ». Il faut attendre le temps de la moisson et ce délai ne nous appartient pas. En revanche, il nous appartient de faire partie des serviteurs du champ du Seigneur. Il ne s’agit pas de déserter ce champ où ont été mêlés le bon grain et l’ivraie. Et c’est la deuxième manière de combattre cet ennemi, en étant serviteur du Seigneur, soucieux de la croissance du bon grain et de sa moisson. En chérissant cette place de serviteurs, non seulement nous ne risquons pas de devenir nous-mêmes ennemis du Seigneur, mais encore nous en deviendrons véritablement amis : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaitre » (Jean 15,15).
D. Martin PANHARD