Notre évangile de ce dimanche se trouve entre les tentations de Jésus au désert et son sermon sur la montagne. Il nous est aussi précisé que Jean le Baptiste vient juste d’être arrêté, ce qui mettra un terme définitif à sa mission. Les barreaux de son cachot remplacent les rives du Jourdain. La solitude de la prison se substitue au bruit des foules qui venaient à lui. Les disciples de Jean-Baptiste ont certainement été dispersés. Parmi eux se trouvaient André. C’est saint Jean qui nous le raconte : « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus »
(Jean 1, 40-43). Après ce premier contact et l’arrestation de Saint Jean-Baptiste, André et Simon ont rejoint leurs barques et leur vie de pêcheurs. Nous pouvons facilement imaginer la déception de ces deux hommes. Leur premier maître est arrêté. La vie doit continuer. De plus Jésus avait disparu des yeux des hommes, pendant 40 jours, pour être tenté au désert. André et Simon ont donc retrouvé leurs filets de pêche. Lorsque soudain, comme une lumière jaillissant des ténèbres, les paroles de Jésus rejoignent le cœur de nos deux frères de sang. « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » L’évangéliste nous précise que « aussitôt » ils laissèrent sur place leurs filets pour suivre Jésus. Ils deviendront les gigantesques apôtres que nous connaissons.
A la lumière de cet évangile, nous constatons que la vie chrétienne a son origine dans le choix de Dieu. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier. » Souvent la tâche de notre vie chrétienne ou de notre vocation de fidèles baptisés, religieuse ou sacerdotale peut sembler trop lourde pour nos épaules. En fait il nous faut reconnaître que sans le Christ nous ne pouvons rien faire. Absolument rien. Le pape François a écrit un petit livre à ce sujet début janvier. Notre faiblesse est également choisie par Dieu pour la transformer par sa grâce. Nous pouvons relire cet extrait d’homélie de saint Jean Chrysostome pour nous aider à renouveler notre regard de foi sur les mystérieux appels de Dieu pour son Église : Si je disais : « Que le cupide, le voleur, le débauché ou l’adultère n’entre pas dans l’église ! Et que j’en chassais et expulsais tous les pêcheurs, il n’y aurait pas d’excuse, car il faudrait entrer après s’être purifié. » Or en fait je ne dis pas cela mais plutôt : « même si tu vis dans la débauche, l’adultère, la rapine ou la cupidité, entre dans l’église, pour apprendre à y mettre fin ! » J’attire et entraîne vers moi tout le monde dans les filets que j’ai tendus par la parole, je désire attraper ici non seulement les gens en bonne santé mais aussi les malades. Qui se vantera d’avoir un cœur chaste ? Qui se déclarera pur de tout péché ? Alors n’aie pas honte, parce que tu as péché, de t’approcher, mais, pour cette même raison, entre donc ! Personne ne dit : « parce que j’ai une blessure, je ne vais pas chercher le médecin, je refuse même les soins » ! C’est précisément à cause de cette blessure qu’il est plus que jamais nécessaire d’aller chercher les médecins et les soins qui fassent effet. Car nous aussi, nous savons pardonner, dans la mesure où nous sommes, nous aussi, sujets à d’autres péchés. Si Dieu ne nous a pas donné, pour nous instruire, des anges, ni n’a fait descendre Gabriel de là-haut pour mener ses troupeaux, mais que parmi ses ouailles même, il prend et fait des pasteurs, parmi les brebis même, il tire le chef du troupeau, c’est pour que l’on soit enclin à pardonner à ceux dont on a la charge, en songeant à sa propre faiblesse. »
Don Christophe GRANVILLE